On a marché sur la Lune… à San Pedro de Atacama

IMG_1766Le bus partait à 18 heures de Valparaiso. Avant ça, il avait fallu – encore – régler des histoires de banques, de plafonds, de sous virtuels parfois difficiles à atteindre. C’est sur un coup de tête que nous avions choisi de rejoindre directement San Pedro de Atacama, au coeur du désert du même nom, sans faire de halte à La Serena par exemple. On avait l’impression de manquer de temps, d’être dépassés par la longueur du pays. Alors, zou : 26 heures de bus, un record personnel, mais pas si effrayant quand on découvre que les bus chiliens sont très confortables, propres et calmes.

On s’endort après avoir suivi d’un oeil pas concentré Batman je ne sais pas combien. On loupe la mort magistrale de Marion Cotillard parce que pile à ce moment là, un monsieur propose quelques pâtisseries chiliennes pour lesquelles nous craquons sans trop de difficultés.
Le sang plein de sucre, on s’endort comme des gosses. Au matin, surprise : nous sommes sur la Lune. Dans le désert d’Atacama, en réalité. Tout est sec, poussiéreux, orangé. La route découpe le paysage au couteau, droit devant. On n’arrivera jamais, c’est sûr. Personnellement je n’aurais pas été étonnée de voir surgir une Khaleesi chilienne, un Nazgül ou un Jedi.

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Après une escale à Calama, nous voilà à San Pedro de Atacama. Environ 2000 habitants, la vraie vie dissimulée derrière un parfait village de vacanciers avec agences touristiques tous les trois mètres, alternant avec les vendeurs de ponchos et les hôtels. Les maisons sont basses, faites de terre ou de briques peintes en pourpre. Il est 20 heures, on frissonne un peu en arrivant dans notre auberge, une quinzaine de lits répartis en deux dortoirs donnant sur une petite cour où trône une table de ping-pong. C’est le moins cher du bled, il y a le wifi, on est heureux.

Ici, on vient pour découvrir le désert d’Atacama. Un objet touristique en plein boom depuis une vingtaine d’années. « Il y a quinze ans, il n’y avait rien, juste une rue, et pas de touristes », se souvient Elias, un voisin de l’auberge. Sans passer par une agence, il est presque impossible de faire quoi que ce soit. On peut, cela dit, louer un vélo et accéder à quelques parcs naturels des alentours. Mais nous n’étions pas équipés, et pas en forme pour, je crois. Après un rapide tour d’horizon, on décide de faire trois visites, durant une grosse demi-journée chacune : la vallée de la Lune et la vallée de la Mort, les geysers d’el Tatio, et, finalement, les lagunes de l’Altiplano. Coût total : 180 euros pour deux personnes. Un peu dur à avaler sur le coup, mais pas de regrets pour autant.

  • La vallée de la Lune… et celle de la Mort

A quelques encablures de San Pedro, voilà sur votre gauche la vallée de la Lune, et sur votre droite, sa copine, la vallée de la « Muerte ». Sous le cagnard chilien, notre guide, Manuel, nous emmène trotter parmi les grottes et les creux de cette vallée nommée ainsi pour son aspect… lunaire, vous l’aurez deviné. Déjà, on est soufflé par le paysage et ça ne fait que commencer. Dans la vallée de la Mort, dont le nom relève plus de l’argument commercial que d’autre chose, on croise notre première vigogne, une cousine du lama. La visite se termine avec un joli coucher de soleil, habillant de rose les nombreux volcans qui cernent la région.

  • Les geysers de bon matin

Punaise, c’est dur d’entendre le réveil sonner à 3h45, alors que le sommeil a tout bonnement oublié de passer par là. Ou alors il est lui aussi à la fête des voisins, où à celle que l’on entend au loin. Samedi soir, à San Pedro, c’est un peu kéké plage. Il parait qu’en haute saison c’est comme ça tous les soirs. Qu’importe : on se frotte les yeux, on enfile un bonnet et un gros pantalon pour aller à la rencontre des geysers d’el Tatio. En fait, tous les mini-bus de la ville y vont. Sur la route, on en croise dix. Je soupire. A l’arrivée, il fait – 11 degrés, c’est la première fois que nous sommes à 4 000 mètres d’altitude. Notre souffle, déjà court, est coupé à la vue des jets bouillonnants qui s’élancent vers le ciel devant nous. C’est une symphonie. Une piscine naturelle a été aménagée plus loin : mais impossible de toucher l’eau des geysers directement, sous peine d’être gravement brûlé. En descendant, on croise une infinité de lamas, vigognes et autres cousins à longs cous. Vers 14 heures, nous revoilà à San Pedro. Suite du programme ? La sieste…

  • Les lagunes de l’Altiplano

Ce matin, on y va tranquille : c’est à six heures du matin que l’on prend la route pour remonter à 4000 mètres, où l’on se promènera près de deux magnifiques lagunes. Le ciel, les volcans, le gel partiel de la surface de l’eau. Tout est magique. Peu à peu, le soleil nous réchauffe, on croise un renard et des petites dindes adorables. Leur nom ? J’ai oublié ! La suite de la balade, c’est dans la réserve naturelle Los Flamingos que ça se passe. Une troisième lagune, habitée par des flamants roses, est cernée par le salar d’Atacama. On le confesse, on s’attendait à un désert de sel semblable à celui d’Uyuni, en Bolivie. Une immense étendue blanche et lisse. Là, on arrive au milieu d’un chantier gris et blanc, sablonneux, qui sent un peu l’eau saumâtre. Un simple élément explique la différence d’aspect des deux déserts de sel : au Chili, l’eau vient du sol et imbibe continuellement le sel. En Bolivie, l’eau vient de la pluie, puis s’évapore, lessivant le sel.

Après avoir laissé les flamants roses derrière nous, on s’arrête encore dans un petit village tout près de San Pedro. Pendant que chacun se balade de son côté, je repère une très vieille voiture en ruine, posée dans une rue. Soudain, deux lamas et leur bergère (?) surgissent au bout de la rue. Dociles, sympatoches, les lamas se laissent câliner. Leur laine est si épaisse qu’on n’arrive pas à atteindre leur peau. L’un deux se jette avec passion sur Manu, réclamant un bisou. Sans surprise, la question nous vient : « Ils crachent? » Non, répond le guide, c’est le guanaco, un cousin du lama, qui est réputé pour son crachat. On n’a pas vérifié, mais sur le coup, on est restés baba. « Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi ». En es-tu bien sûr, Hergé?

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