Asie, le bilan final de Manu

BMrf_teCMAAtac1.jpg-largeLe 7 juin, ça faisait tout pile quatre mois qu’on était partis. C’est un gros tiers du voyage consommé. Et c’est d’autant plus symbolique que l’on quitte l’Asie, qui a fait notre quotidien depuis notre départ, pour un nouveau continent. Ni une, ni deux, c’est l’heure d’un nouveau bilan, pays par pays. On exclut la Russie, dont on a déjà parlé, et l’Indonésie, que l’on n’a pas fini de visiter et qui a de toute façon le cul entre deux chaises, comme on dit.

 Mongolie. 22 février au 1er mars

Durée : une semaine. Trajet : Oulan-Bator, Batsumber, Oulan-Bator. Moyens de transport utilisés : van, train. Températures  rencontrées : -20 à -5°.

Trop court, trop bon. C’est une surprise que l’on attendait pas forcément a priori. La Mongolie mérite plus que 7 jours. Les fans du Seigneur des Anneaux, je sais qu’il y en a, se croiront là au Rohan. On a adoré ces grands espaces que l’on peut traverser des heures durant sans rencontrer de constructions humaines. On a adoré cette culture du cheval, pourtant pas notre dada, à l’excès.  C’est l’un des rares endroits au monde où l’on peut apercevoir au loin et au galop, un cavalier en habits colorés, monté sans selle, en train de faire une course entre deux villages.  Aussi, on ne peut qu’admirer ce pays qui a réussi l’exploit majeur de conserver son identité, coincé qu’il est entre ces deux gloutons politiques que sont la Chine et la Russie. Et les gens sont adorables.

ayumbolt

Ayumbolt

 Chine. 1er au 31 mars.

Durée :  25 jours. Trajet : Beijing, Suzhou, Shanghaï, Chengdu, Kunming, Dali, Lijiang, Hekou. Transports : trains, bus, métros, taxis, vélos. 10 à 30°.

A bien y regarder, c’est peut-être le pays où, pour nous, la communication est le plus difficile. On avait appris vite fait le cyrillique pour déchiffrer du russe et du mongol. Par la suite, les pays que nous avons traversés et ceux restants ont ou auront soit un alphabet compréhensible, soit traduit (au moins sur les panneaux et les enseignes de magasin) , soit une langue latine avec laquelle on a des racines communes, soit des habitants qui ont des aptitudes plus ou moins bonnes en anglais. Mais en Chine, niet. Combien de fois on a été perdus, mais vraiment perdus, dans une gare routière ? Combien de fois on est restés interdits devant un rayon de supermarché ? Car oui, quand on ne reconnait pas un traitre mot sur un emballage, que le packaging est différent de ce que l’on connaît, que l’illustration n’est pas forcément d’une grande aide, parfois, c’est compliqué. Je garde une pensée émue et reconnaissante pour les rares chinois anglophones qui ont gentiment accepté de traduire pour nous quelques mots clés et phrases chocs.  C’était bien marrant. Plus largement, la Chine est juste too much. On l’a adorée pour ça. Trop grande, trop peuplée, trop tout.  Tout est vrai, et le contraire aussi. Tout prend des proportions gigantesques. Et ça ne fait que commencer vu qu’ils construisent de partout. Il faudrait un an de voyage et une bonne connaissance de la langue, au moins parlée, pour commencer à la cerner.  On reviendra.
Petite mention spéciale pour les paysages affolants et vertigineux des Gorges du saut du Tigre, à deux heures de Lijiang en direction du Tibet. Enormissimes.  Deuxième mention spéciale pour tous les Chinois avec qui on ne se comprenait pas du tout mais qui ont passé du temps à essayer de nous aider !

 Corée du Nord. 15 au 22 mars.

Durée : 6 jours. On ne va pas reparler de notre virgule coréenne pendant notre séjour en Chine. On a largement évoqué cette intéressante expérience de tourisme encadré sur le blog. Et on y pense encore. Lire ici ou .

Vietnam. 1er au 21 avril.

Durée : 21 jours. Trajet : Lao Cai, Sapa, Bac Ha, Hanoï, Bai Tu Long, Nim Binh, Hué, Hoi An, Saïgon. Transports : train, bus & bus-couchettes, taxis collectifs, motos.  20-35°.

A ce jour, et si je m’amuse à comparer des choses qui ne sont pas comparables, je dirai que les paysages nord-vietnamiens ont été les plus beaux. La faute aux (trop) vertes vallées tapissées de rizières en terrasse, à la végétation grasse et luxuriante, aux formations karstiques surnaturelles. A certains endroits, on n’aurait pas étonné de voir paître un diplodocus. Et même si on a vu que des buffles, ça suffisait. Le Vietnam, c’était très beau au nord. On a moins aimé Saïgon. On a encore moins aimé le début de la « backpacker trail », le circuit touristique classique en Asie du sud-est,  qui fait que les relations avec les gens sont biaisées par du « buy something, please ».  Mais c’est pas pire ici qu’au Cambodge ou surtout en Thaïlande.  En Chine, on pouvait passer plusieurs jours sans voir d’autres occidentaux. Ici, on rentre dans un monde où l’on est qu’un touriste de plus. Mais c’est pas très grave au final.
Petite mention pour Hoi An et notre coup de coeur culturel, le Bai Choi.

L'enfant et le motoculteur

L’enfant et le motoculteur

 Cambodge. Du 21 avril au 1er mai. 

Durée : 10 jours. Trajet : Phnom Penh, Takéo, Siem Reap, Battambang. Transports : bus, taxis, tuk-tuk, vélos. 25 – 35°

Phnom Penh est une ville marrante, sans plus. Jolis bords du Mékong. Siem Reap, même si le site d’Angkor est fantastique (au passage, si quelqu’un sait où vont les sous des droits d’entrée…?), a parfois des allures de club med. On a au final préféré Battambang, moins touristique, au coeur d’une région plate mais jolie. Au Cambodge, on a passé énormément de temps à tenter de ne pas se faire arnaquer sur les prix. C’est un travail à plein temps. Comme en Thaïlande au demeurant, il faudra qu’on m’explique parfois pourquoi le transport du centre-ville à la gare routière est aussi cher que celui-ci d’un trajet de 4 heures en bus. Etrange.

 Thaïlande. 1er au 15 mai.

Durée : 15 jours. Trajet : Bangkok, Chiang mai, Chiang Rai. Train, bus, métros, taxis collectifs, tuk-tuk, bateaux, motos. 30-35°.

Le pays du sourire ? Oui, mais où ? A Bangkok, de temps à autre, c’est pas faux de dire que les touristes sont pris un peu pour des couillons, ou au moins des vaches à lait.  Petite dédicace à ce réceptionniste post-pubère de guesthouse qui était visiblement plus intéressé par son smartphone que par notre check-in. Petite dédicace à tous ces chauffeurs de taxis qui se sont barrés par ce qu’on demandait le « meter ».  Les prix des entrées ont doublé (littéralement) depuis ma précédente visite dans ce pays, trois ans plus tôt (à Wat Pho ou à Bayoke, pour des exemples précis).  Bref. Il y a des choses à dire. Le tourisme low cost a depuis longtemps produit des effets néfastes en Thaïlande. Certains m’ont objecté que ce n’est pas pire que sur la Côte d’Azur ou à Paris. Et je suis d’ailleurs d’accord avec ça. On peut comprendre que les locaux en aient ras-le-bol, certes, mais cela n’a jamais empêché d’être poli.  C’est un constat que notre séjour dans le nord du pays a permis de relativiser. Puisqu’en effet, à Chiang Mai et surtout à Chiang Rai, c’était plus sympa.

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Birmanie. 15 au 30 mai.

Durée : 15 jours. Yangon, Mawlamyne, Bagan, Pyin-Oo-Lwin, Mandalay. Taxis, train, bus, moto, pick-up. 30-35°.

La Birmanie est coincée dans une période tout à fait paradoxale dans laquelle le tourisme augmente fortement, alors que les infrastructures touristiques ne se développent pas. Traduction : parfois, c’est le bordel. Cela se manifeste principalement dans les hôtels (les prix flambent) et dans le manque de transports. Il faudra par exemple penser à faire un bus régulier vers l’aéroport de Mandalay. Il est aussi possible, en s’en donnant un peu la peine, de faire une liaison Yangon – Bagan qui ne parte ni n’arrive à 4 heures du matin. Vu que le trajet dure 7-8 heures, un 9h-16h serait pas mal.   A méditer. Et en même temps, on a vraiment adoré dans ce pays cette ambiance non-défrichée et toutes ces choses brutes et non-lissées qui font son charme tout à fait routard. Finalement, as-t-on vraiment envie d’avoir un tourisme de type cambodgien ou thaïlandais dans ce pays ?

Pour nous c’est non. Au moment de notre séjour, cela faisait déjà presque 3 ans écoulés depuis la politique d’ouverture touristique. Et pourtant, on a rencontré partout des gens adorables et pas encore blasés de voir des visiteurs. Il suffisait, pour mesurer cela, de compter le nombre de papys birmans ayant pris la peine de s’arrêter en chemin pour nous demander notre pays de destination. Manifestement, ça les éclate de savoir que des gens font 10000 kilomètres pour venir chez eux. Tant mieux. C’était franchement rafraîchissant. Pourvu que ça dure. Voilà d’ailleurs nos dix souvenirs marquants.
Mention spéciale à la famille qui tient un boui-boui près de je ne sais plus quel temple de Bagan. C’était gentil prendre une heure pour réparer mon vélo crevé (contre 1$).
Mention spéciale aussi au train birman, qui m’a appris que le parallélisme des rails n’est en fait pas une condition sine qua non au fonctionnement du chemin de fer. Et big up aux souris du wagon.

Singapour. 31 mai au 2 juin

Durée : 4 jours. Bus, métros, voiture.  25-28°

Notre porte de sortie, en Asie. On s’est fait un petit plaisir en allant visiter le nouvel aquarium sur leur île-resort. Trois heures de queue, mais c’était joli. Bon, Singapour, autant le dire tout de suite, est plus occidentale que les villes occidentales. Aucune ville en France n’a ce niveau de développement. L’urbanisme est clinquant, les maisons individuelles sont nombreuses et luxueuses, le gazon est vert et taillé ras. A l’aéroport, la moquette est extraordinaire. C’est sans doute la ville la plus propre du monde, soit l’exact contraire d’une ville birmane : tout est joli, lisse, bien fait, bien organisé. C’est aussi un grand temple de consommation. Les « malls » à tout-va et les boutiques Vuitton ne manquent pas.  Le système politique est étrange. Une sorte de compromis luxueux avec une dictature. On n’est pas resté suffisamment longtemps pour savoir si les gens s’en plaignent. Singapour, juste pour trois jours, ça nous allait bien. On a vu un truc différent et ça s’arrête à peu près là.

Et pour finir ce classement, quelques petits « top 5 » complètement arbitraires et subjectifs. Autrement dit les meilleurs :

 Top 5 général
1) Birmanie
2) Chine
3) Vietnam
4) Mongolie
5) Cambodge (pour Angkor)

 Top 5 paysages grandioses

1) Gorges du saut du Tigre, Chine
2) Rizières en terrasse, Bac Ha, Vietnam
3) Bagan au coucher du soleil, Birmanie
4) Baie d’Halong terrestre, Ninh Binh, Vietnam
5) Le pont de Mawlamyine, Birmanie, et le paysage vu du train.

 Top 5 des villes où on serait bien restés plus longtemps pour voir

1) Mawlamyne, Birmanie
2) Battambang, Cambodge
3) Pekin, Chine
4) Pyin-Oo-Lwin, Birmanie
5) Hoi An, Vietnam

 Top 5 gros Buddhas

1) Big Buddha, 71 m. Leshan, Chine
2) Reclining Buddha, Wat Pho, 41 m. Bangkok, Thaïlande
3) Face ouest du Baphuon Temple, Angkor, Cambodge
4) Buddha debout, Gandantegchinlen Monastery, 26,5 m, Oulan-Bator, Mongolie
5) Buddha à l’arrière du Pyatada temple, Bagan, gardien des escaliers…
(On a loupé le 600-feet-reclining Buddha de Win Sein Taw Ya, en Birmanie, mais on y retournera).

Top 5  des skyscrapers

1) World financial center (Shanghai)
2) Orient pearl (Shanghai)
3) Marina Bay Sands (Singapore)
4) Bayoke tower (Bangkok)
5) CCTV building (Beijing)

Top 5 trucs qui te font péter un câble en Asie

1) les gares routières à 20 km des centres-villes
2) les clips dans les bus
3) les conducteurs de bus
4) les conducteurs de tuk-tuk
5) les mecs qui te disent tout le temps « yes yes » alors qu’ils ne savent pas de quoi tu parles

Top 5 des trucs qu’on a fait comme les gens du coin

1) conduire une « motorbike »
2) s’égosiller dans un karaoké
3) manger du riz sous toutes ses formes.
4) prendre le pick-up (camion-taxi collectif) birman
5) prendre trop de photos

Top 5 bonne bouffe

1) Les dumplings de Dali et de Pékin, Chine
2) Les fruits de mer et le poisson du Red Gecko, à Hoi An
3) Les pralta birmanes quand elles sont pas trop huileuses
4) Les banh-mi vietnamiens
5) Le pain mongol cuit à la poêle dans la yourte (merci Baynaa)

 Top 5 des pays où le chauffeur de taxi, tuk-tuk ou moto essaie de t’arnaquer 5 voire 10 dollars la course quand t’arrives dans une ville alors qu’en fait, quand tu t’es repéré, tu vois que tu es à 250 mètres de ta cible.

1) La Birmanie. D’autant plus championne que souvent, il n’y a pas d’autres moyens de transports possibles que le tuk-tuk ou le trichaw.
2)  La Thaïlande, parce que les touristes sont trop nombreux et que les tuk-tuk thaïs sont fainéants et sournois (sans vouloir généraliser…)
3) La Chine, parce que les gares ferroviaires et routières sont toujours à l’extérieur des villes et les chauffeurs en profitent.
4) Le Cambodge, parce que c’est le sport national et qu’on en arrive à croire que « tuk-tuk sir » veut dire « bonjour ».
5) Le Vietnam, parce qu’ils essaient de doubler le prix, mais ils acceptent de mettre le compteur sans broncher.

14 réflexions au sujet de « Asie, le bilan final de Manu »

  1. Ah la la ! L’Asie ! Quoi qu’il s’y passe ça ne laisse jamais indifférent ;) ça nous rappelle plein de choses cet article ! Par contre j’ai hâte qu’on se voit pour en discuter parce pour nous, la Birmanie est l’inverse d’un pays pour routard. Quant a la Thaïlande il y a certes des gens qui veulent arnaquer mais ce n’est pas pire qu’ailleurs et on en garde quand même un bon souvenir. Les négociations les plus insupportables auront eu lieu pour nous en Birmanie ! Profitez bien de l’Australie en tout cas ! Et bravo pour l’article !! :)

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  3. Très intéressant, comme d’habitude. J’en viens même à prendre des notes pour de futurs voyages! Continuez bien les amis!

  4. Est-ce un hasard, j’écoute la BO du Retour du roi !? Déjà quatre mois que vous êtes sur la route. Profitez-en !!! Gros schmoutz ma belle

  5. Moi je veux voir la vidéo du karaoké mentionné dans l’un de vos top 5 ! Les Yes Yes et les tuk-tuk me rappellent de bons souvenirs (aujourd’hui)….! Merci pour ce beau bilan, qui confirme encore plus mon envie d’aller en… Mongolie… Que vos prochaines aventures soient aussi fortes, belles et enrichissantes ! Bizzz à vous deux.

    • La Mongolie, on regrette beaucoup d’y être passés trop vite. Mais si l’été, ça doit être super, y être pendant le gel a donné un petit côté féérique à l’aventure…

  6. J’avoue être un peu déçue en lisant vos articles. Vous parlez énormément des transports, des arnaques, un peu comme des Français blasés alors que vous avez l’incroyable chance de voyager pendant un an dans des pays magnifiques. Dans vos articles vous vous plaignez des galères du voyage comme des foules de touristes.
    C’est peut être votre sous-titre « deux journalistes autour du monde » qui ne colle pas avec le contenu. Je m’attendais à voyager, à des rencontres, des anecdotes, des portraits …
    Par contre vos vidéos sont très réussies.
    Bonne continuation.

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